9

La matinée traînait en longueur. L’Impératrice allait et venait dans son bureau, passant et repassant devant les miroirs qui lui renvoyaient sa silhouette élancée de jeune femme très belle.

« Comme j’ai l’air fatigué, pensa-t-elle. On dirait une fille de cuisine. Je commence à me lasser de ma vie, de ma peau, de tout ce que j’ai à faire. Je me fais vieille. » Et elle se sentait vieille. Pour la douzième fois, elle se tourna vers la rangée de télestats et considéra les hommes qui travaillaient dans la salle de contrôle du navire spatial de Greer. Elle avait une furieuse envie de leur crier de se presser. Ne se rendaient-ils donc pas compte qu’à chaque heure, à chaque minute passée, le risque se faisait plus grand que les Armuriers ne découvrent où le navire était caché et ne soient en mesure de l’attaquer avec toute leur puissance.

Plusieurs fois, durant cette matinée qui n’en finissait pas, elle avait pensé qu’il fallait détruire l’engin tout de suite, avant qu’il soit trop tard. Mais chaque fois, serrant les lèvres, elle avait résisté à la vague de défaitisme. La Maison d’Isher ne pouvait s’offrir le luxe de détruire un pareil secret. Un jour, celui-ci pouvait jouer un rôle capital dans la protection de la famille impériale contre ses ennemis. Son indécision même la faisait sourire. Pourtant, il lui semblait ne pas faire de doute que, tant que le navire existerait, les heures lui sembleraient longues et que la couronne serait en danger. D’un doigt nerveux, elle tourna le bouton du stat qui lui apportait les dernières informations. Elle écouta monter vers elle une terrible clameur : « La Guilde des Armuriers prétend que l’Impératrice possède le secret des voyages interstellaires. Les Armuriers exigent que l’Impératrice mette ce secret à la disposition du peuple...» Elle fit taire brutalement l’appareil et demeura un instant immobile, surprise par le silence revenu. Au bout d’un moment, elle se sentit mieux. Ils ne savaient pas : tel était l’essentiel des rapports. Les Armuriers ne connaissaient pas le secret de la dérive interstellaire, bien que, à la vérité, ils eussent mystérieusement deviné qu’elle possédait le navire et son secret. Mais trop tard. Bien des minutes trop tard. C’était cela que cachaient leurs exigences, leur déluge verbal. Mais dès qu’on aurait détruit le navire, il resterait encore un point noir... il y aurait cet étrange Dan Neelan, cet homme incompréhensible. Cette pensée fut comme un signal, d’autant que la sonnette du bureau résonnait.

— Votre Majesté, dit une voix de femme, le physicien Chan Boller demande à vous voir.

— Oui, oui, faites-le venir, s’écria-t-elle avec un empressement qui lui parut excessif.

Boller était un jeune homme aux yeux sombres, un peu raide.

— J’ai achevé la rédaction du rapport demandé par Votre Majesté quant au procédé de voyage interstellaire.

Il se tut un instant et elle comprit, en le regardant, qu’il était parfaitement au courant des dernières nouvelles diffusées et qu’il se demandait ce qu’elles contenaient de vrai.

— Poursuivez, dit-elle, le considérant de ses yeux glacés.

Elle écouta avec attention, ne prenant garde ni au son de sa voix ni aux mots eux-mêmes, mais seulement au sens profond de ce qu’il disait.

Le physicien expliquait qu’Alpha du Centaure était à environ quatre années-lumière un tiers de la Terre, C’était une constellation composée de quatre étoiles, et on savait qu’elle était accompagnée d’un système planétaire. Le navire le plus rapide construit à ce jour aurait pu couvrir la distance en environ cent trente ans, à une vitesse moyenne de sept cents kilomètres à la seconde. Un tel vol n’avait jamais été tenté. Accomplir le voyage en onze jours – « chiffre avancé par Votre Gracieuse Majesté » – signifierait pouvoir atteindre une vitesse de croisière d’environ trente-cinq millions de kilomètres à la seconde. Le retentissement sur l’organisme humain de l’accélération en question, étant donné l’imperfection actuelle des systèmes antiaccélératifs (près de 99,9 %), était impossible à évaluer.

— Impossible ! s’écria l’Impératrice avec un violent mépris.

— La différence, expliqua Boller, entre 100 % et 99,9 % est infinitésimale, mais arithmétiquement on ne peut parvenir à la définir avec précision dans notre domaine.

Mais cela entrait en ligne de compte quant aux très fortes accélérations, et c’est ainsi que même les hommes les plus forts pouvaient mourir d’un choc de moins de quinze unités gravitationnelles. La navigation interstellaire exigeait un point fixe comme base. Le contact rompu avec celui-ci, le navire était perdu.

Lorsque le physicien fut parti, elle s’assit, les yeux mi-clos. Neelan était mort ou perdu. Durant les deux secondes pendant lesquelles son petit appareil s’était trouvé dans le rayon d’action des radars des croiseurs impériaux, les techniciens du bord avaient estimé que son accélération dépassait de beaucoup ce que le corps humain pouvait supporter en gardant la conscience. Or, la pression ayant produit cet état d’inconscience devait s’exercer pendant un temps indéfini. Les Armuriers pouvaient bien protester et faire du tapage. La Maison d’Isher avait survécu à des crises plus graves que celle-là. Elle se tourna vers le télestat qui la mettait en contact avec le navire cosmique de Greer. Les hommes y travaillaient encore laborieusement. Le grand danger subsistait toujours.

Et son esprit se remit à dériver sur ce sujet. Elle s’imaginait le navire saisi par les Armuriers et le désastre qui s’ensuivrait ; elle y pensait encore lorsque, à 11 heures, elle se rendit au Conseil de cabinet. Cette arrière-pensée lui fit écouter de l’air le plus glacial les derniers rapports sur les effets de la propagande.

Elle s’aperçut que ses conseillers précautionneux et cauteleux se conduisaient comme si elle avait été un explosif entre leurs mains. Cela ne l’avait encore jamais frappée de voir à quel point la crainte établissait une barrière entre elle et ces grands commis eux-mêmes. Sur le coup, c’était assez désarmant. Elle s’imaginait seule, isolée dans ce monde, servie par des peureux et des imbéciles, prêts à l’abandonner si l’intangible force qui avait créé toute cette hiérarchie recevait des coups qui l’ébranlent. Ce n’étaient que des rats, pensa-t-elle, de maudits rats ! Et elle éclata enfin :

— Que va-t-on faire en fin de compte ? Je ne peux pas écouter les nouvelles sans entendre des commentateurs qui font assaut de zèle pour répandre la propagande des Fabricants d’Armes. Il faut arrêter cela. Contrôler tous les moyens d’information. Il faut organiser une campagne pour démentir leur affirmation selon laquelle je détiens le secret des voyages interstellaires, et lancer une contre-offensive de propagande en assurant qu’ils ont des intentions révolutionnaires. Il faut leur demander ce qu’ils veulent réellement. Ainsi le peuple se posera des questions.

Elle quitta la conférence. Lorsqu’elle arriva dans son bureau, le télestat déclarait que des foules considérables s’assemblaient dans les rues, demandant à cor et à cri le secret des voyages interstellaires. Ses lèvres se serrèrent. Les sales imbéciles ! Ils étaient même allés jusqu’à la pendre en effigie, elle, l’Impératrice. Elle ne réalisa pas tout de suite, mais choquée, se mordit les lèvres et s’assit dans un fauteuil, luttant pour retrouver son calme. Elle se décida au bout d’un moment à appeler l’appartement du Prince Del Curtin.

— Je vais déjeuner, Innelda. Voulez-vous venir avec moi ?

— Comment, dit-elle, surprise, il est déjà si tard ? Non. Je vais faire monter à déjeuner ici. J’attends une communication sur... sur quelque chose.

— Allons, Innelda, dit-il en la considérant attentivement, il y a des rides qui se creusent sur votre visage. Vous n’allez tout de même pas vous laisser abattre par tout cela.

— Je n’ai jamais, répliqua-t-elle, joué un jeu aussi difficile.

Après avoir coupé le contact, elle s’enfonça dans son fauteuil, pensive et tendue : et pourquoi pas lui ? Rien n’aurait plus d’effet sur une crise populaire comme celle-ci qu’un mariage immédiat et imposant. Elle s’appesantit là-dessus, réfléchissant au souvenir des mots assez durs que le Dr Snow avait eus à ce sujet. Vieux fou ! Ses lèvres se serrèrent, fièrement. Après un moment, elle soupira à l’idée de repousser Del Curtin. Le capitaine Hedrock avait eu raison de dire que, dans la famille impériale, on ne se suicidait pas par degrés ni même par inadvertance. Il y avait bien longtemps qu’elle avait décidé que le prince était un parent beaucoup trop proche pour pouvoir être l’élu ; et puis les événements n’allaient quand même pas la précipiter dans le mariage, fût-ce avec son fort aimable cousin. Pourtant, pour l’instant, constata-t-elle avec une grimace, il n’y avait pas de candidat sérieux, sauf...

Ridicule. Cet homme n’était qu’un habile et présomptueux manoeuvrier. Maintenant encore, il lui était difficile de comprendre pourquoi elle lui avait permis de faire état de son objectif.

Un coup d’oeil involontaire sur le stat qui était connecté avec le vaisseau de Greer ramena son esprit au danger essentiel. Pendant un long moment, elle considéra le travail inachevé. Puis, tremblante, elle coupa le contact. Cette attente était pour elle un véritable cauchemar.

Elle mangea un sandwich et but un verre de quelque chose qui lui sembla n’avoir pas de goût. C’est là tout le souvenir que lui laissa cette collation. Les nouvelles de l’après-midi lui firent du bien et la rassurèrent : on n’y parlait plus que contre les Armuriers. Elle eut un pauvre sourire : elle était décidément tombée bien bas, s’il lui fallait sa propre propagande pour la remonter !

Et pourtant il en était ainsi, au point même qu’elle se détendit assez pour recevoir un visiteur qu’elle avait fait attendre toute la matinée. Celui-ci n’était autre que Greer. Elle était carrée dans son fauteuil, insensible comme un roc, tandis que le pauvre type effrayé lui racontait son histoire. L’homme débordait de terreur et ne cessait d’entremêler son récit d’appels à la pitié. Au début, cela ne l’ennuya même pas, car elle ne s’intéressait qu’à ce qu’il disait de Kershaw, de Neelan et...

Neelan ! Elle poussa un soupir : elle s’y était prise de toutes les façons, sans parvenir à comprendre ses mobiles. Les relations entre lui et Greer pouvaient expliquer la résistance inattendue qu’il lui avait opposée, mais il n’y avait pas encore d’explication de la manière dont il s’y était pris pour découvrir le vaisseau cosmique. Quels que fussent les détails de l’opération, il n’en restait pas moins que, quelques heures après être monté à bord, il s’était assuré le contrôle de l’appareil. Ses efforts pour remettre les moteurs en marche avaient été herculéens, mais les menaces qui jouaient contre sa réussite avaient été aussi hors de proportion avec l’énormité de son travail. Cela était d’autant plus vrai que, sans respecter son engagement avec lui tant elle était inquiète, elle avait déclenché l’attaque en avance. Or, logiquement, elle aurait dû admettre ses raisons de retarder l’opération. Sans aucun doute, elle avait trouvé là un adversaire à sa taille.

Elle sortit de sa rêverie et dit doucement à Greer :

— Et où avez-vous laissé Kershaw et les autres ?

L’homme se mit à parler frénétiquement, s’embrouillant, disant qu’il y avait sept planètes habitables dans le système solaire d’Alpha du Centaure, dont trois étaient plus belles que la Terre :

— Je vous jure que je les ai laissés sur l’une de celles-ci. Ils se portent fort bien. Le premier navire qui partira là-bas pourra les ramener. Tout ce que je voulais, c’était revenir seul pour vendre l’invention. Bien sûr, c’est un crime, mais de nos jours chacun ne pense qu’à soi.

Elle sentait qu’il mentait quant au lieu où il avait laissé ces savants. Elle se sentit tout à coup froide et sans pitié. Les gens qui ont peur se conduisent toujours de la sorte envers les autres. Elle éprouvait le même malaise que si elle avait eu en face d’elle une bête puante. Que des gens pareils vivent ou meurent, cela n’avait à vrai dire aucune importance. En dépit de la simple logique et de l’impulsion plus simple encore qui l’animait, elle hésita pourtant. Cela lui prit un long moment avant de comprendre pourquoi. C’était, chose insensée, parce qu’elle aussi avait peur. Pas comme lui. Pas pour elle. Mais pour la Maison d’Isher. C’était étrange d’être assise là dans son bureau et de reconnaître qu’elle avait peur. Elle était écoeurée d’avoir dû utiliser les services de cet être si prétentieux et menaçant quand il avait l’abri de son vaisseau d’acier et qui, maintenant, tremblait pour défendre ce qui lui restait de vie.

— Remmenez-le dans sa cellule, dit-elle, se raidissant. Je déciderai plus tard ce qu’on va faire de lui.

Mais elle savait déjà qu’elle le laisserait vivre. Le mépris la saisissait devant cette faiblesse, mais c’était qu’elle était devenue semblable à ces foules qui cassaient tout sur leur passage : elle voulait elle aussi le secret de la dérive interstellaire.

Son stat privé sonna. Elle le déclencha et vit avec surprise apparaître le visage de l’amiral Dirn.

— Oui, dit-elle, oui, j’y vais tout droit.

Elle se dressa, avec l’étrange sentiment qu’il fallait faire très vite. Le navire spatial était prêt, il n’attendait plus qu’elle pour révéler son secret. Mais dans une semblable affaire, qui l’opposait à la puissance de la Guilde des Armuriers, toute minute comptait. Elle se précipita vers la porte.

Le vaisseau cosmique de Greer – elle continuait de l’appeler ainsi avec irritation, en attendant de trouver mieux – semblait une petite chose dans le gigantesque hangar de l’Armée de l’air ishérienne. Mais lorsque son avio-car et son escorte de police s’en approchèrent, il commença à lui paraître de belle taille. Elle se sentit bientôt dominée par ce long cigare de métal moulé, qui reposait sur un berceau. Elle pouvait apercevoir du premier coup d’oeil les énormes trous qu’avaient faits dans sa carcasse les canons énergétiques pour lui permettre de s’en emparer. Elle oublia cela en grimpant dans la salle de pilotage. Maintenant que le vaisseau cosmique était disposé horizontalement, les escaliers métalliques s’étaient automatiquement repliés contre les parois. Il ne fallait pas longtemps pour parcourir à plat la centaine de mètres qui séparait les portes abattues. Elle examina des yeux la gigantesque machine et constata que si certaines pièces étaient abîmées, aucune n’avait été retirée. Au bout d’un moment, elle jeta un regard interrogateur sur l’officier qui se tenait à distance respectueuse. L’homme s’inclina.

— Comme peut le voir Votre Majesté, les ordres ont été suivis à la lettre. Rien n’a été touché ni analysé dans l’intérieur de la machine. Les hommes qui ont déconnecté les organes sont ceux que vous avez personnellement choisis d’après les curriculum vitae qui vous ont été soumis ce matin. Aucun d’eux n’a de connaissances scientifiques suffisantes pour comprendre le fonctionnement d’un moteur atomique normal, moins encore d’un appareillage spécial comme celui-ci.

Elle approuva de la tête, puis laissa passer un sourire qu’elle voulait cordial :

— Très bien, amiral. Vous recevrez une prime d’un million de crédits.

La satisfaction de l’homme procura une brève sensation d’agrément à la souveraine. Il reprit la parole :

— Aucun de ces hommes n’a pu approcher un télestat de la journée. Ils ignorent tout des manifestations qui se déroulent dans la rue.

— Très bien. Envoyez-les moi en sortant.

Pendant une minute, elle demeura seule. Elle était là debout, un faible sourire sur le long visage hérité des Isher, une certaine satisfaction pénétrant son corps fatigué. Mais cela ne dura pas. Les hommes qui, voici des millénaires, avaient mis au point l’éducation des enfants de la famille impériale, avaient parfaitement compris qu’aucun souverain ne pouvait conserver le pouvoir dans une ère scientifique sans avoir suivi un entraînement spécial lui permettant de faire dans son esprit la synthèse de toutes les connaissances et découvertes de son temps. Cette méthode avait lentement évolué et était encore loin d’être parvenue à la perfection. Le capitaine Hedrock lui avait dit un jour qu’elle ressemblait un peu à la méthode intuitionniste des psycho-devins de la Guilde, mais qu’elle était la caricature beaucoup plus que la photographie de celle-ci. C’était une amère comparaison, mais cependant elle ne déplaisait pas à Innelda.

Hedrock avait... une fois encore, elle fit la grimace. Voilà qu’elle pensait à nouveau à cet homme étrange. Un bruit interrompit le cours de ses pensées. Elle se tourna et vit s’avancer un groupe d’hommes. Ils la saluèrent. Elle inclina la tête et leur dédia son sourire public.

Elle vit que les hommes connaissaient la consigne. Ils commencèrent à enlever les plaques dévissées avec efficacité. En deux heures, ce fut fini. Le secret de la dérive interstellaire était maintenant gravé pour toujours dans le cerveau de la souveraine. Elle se trouvait maintenant devant un écran pare-rayons, regardant un chalumeau énergétique dissoudre le coeur même de la mystérieuse machine pour en faire une masse de métal en fusion. Sa patience n’avait pas de fin. Elle attendit qu’il n’y eût plus sur le sol qu’une masse indistincte et souillée de métal chauffé à blanc. Enfin satisfaite, elle monta dans son avio-car.

La fin de l’après-midi, sur son chemin de retour au palais, était obscurcie par de sombres nuages.

 

Les fabricants d'armes
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